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Al-Hasan Al-Basrî l’ascète, le sage

 Al-Hasan Al-Basrî l’ascète, le sage

Al-Hasan Al-Basrî l’ascète, le sage

Abû Sa‘îd Al-Hasan ibn Abî Al-Hasan Yasâr, figure éminente de la génération des Tâbi‘în – successeurs des Compagnons –, fut le maître incontesté de Bassorah et l’un des plus illustres hommes de science de son époque. Par son savoir, sa piété, sa rigueur morale et son ascèse, il devint une autorité incontestée, dont l’aura dépassa les frontières de son temps. Il s’abreuva à la source pure des nobles Compagnons qu’il côtoya longuement, héritant ainsi de la lumière prophétique.

Al-A‘mash disait de lui : « Al-Hasan s’est imprégné de sagesse jusqu’à ce qu’il parle en sage. » Et lorsque son nom était évoqué devant Abû Ja‘far Al-Bâqir, celui-ci répondait : « C’est un homme dont les paroles rappellent celles des prophètes. »

Origine et formation

Né à Médine en l’an 21 de l’Hégire, deux ans avant la fin du califat de ‘Umar ibn Al-Khattâb (qu’Allah l’agrée), Al-Hasan était un affranchi des Ançâr. Il vit le jour dans la demeure d’Umm Salama (qu’Allah l’agrée), épouse du Prophète , sa mère Khayra y étant servante. Il fut même allaité par cette mère des croyants, et grandit dans l’ombre de la maison prophétique. Umm Salama l’exposait aux invocations des Compagnons. ‘Umar invoqua pour lui en ces termes : « Ô Allah, accorde-lui la compréhension de la religion et rends-le aimé des gens. » Il mémorisa le Coran dès l’âge de dix ans.

Al-Hasan apprit la science auprès de nombreux Compagnons, tels que : ‘Uthmân ibn ‘Affân, Talha ibn ‘Ubaydillah, Jâbir ibn ‘Abdillah, Ibn ‘Abbâs, Anas ibn Mâlik, ‘Imrân ibn Husayn, et bien d'autres encore – qu’Allah les agrée. Il excella dans les domaines du hadith, de la jurisprudence, de l’exégèse et de la langue arabe.

Il accompagna Al-Rabî‘ ibn Ziyâd en tant que scribe durant une expédition vers Kaboul et Khorâsân sous le califat de Mu‘âwiya (qu’Allah l’agrée). À son retour, il s’établit à Bassorah, ville à laquelle son nom reste lié.

De Médine à Bassorah

En 37 H., Al-Hasan quitta Médine pour Bassorah. Il y poursuivit son apprentissage auprès des Compagnons présents. En 43 H., il rejoignit une campagne militaire à Khorâsân où il servit dix ans comme scribe. De retour à Bassorah, il s’y installa définitivement et y devint l’un des savants et jurisconsultes les plus renommés de son temps.

Qatâda dit : « À chaque fois que j’ai comparé un savant à Al-Hasan, je l’ai trouvé supérieur. Sauf lorsqu’un point l’embarrassait : il consultait alors Sa‘îd ibn Al-Musayyab. Je n’ai jamais fréquenté un savant sans y voir la supériorité d’Al-Hasan. »

À la grande mosquée de Bassorah, il enseignait publiquement le Coran, le hadith, la langue arabe, la jurisprudence. En privé, chez lui, il abordait l’ascèse, l’éducation spirituelle et les vertus du cœur.

Sous le règne du calife ‘Umar ibn ‘Abd Al-‘Azîz, il fut nommé cadi de Bassorah. Le calife le qualifiait de « maître des Tâbi‘în » et il assumait cette fonction sans percevoir de salaire.

Témoignages de ses contemporains

Les savants et pieux prédécesseurs s’accordent à louer son immense mérite. Il était savant, ascète, sincère, courageux, disant la vérité sans craindre les reproches. ‘Alî ibn Zayd disait : « J’ai côtoyé les plus grands savants de mon époque, mais je n’ai vu personne égaler Al-Hasan. Si les Compagnons l’avaient connu à leur âge adulte, ils auraient eu recours à son avis. »

Mu‘âdh ibn Mu‘âdh rapporta qu’Al-Ash‘ath lui dit un jour : « Depuis que j’ai rencontré Al-Hasan, nul ne m’impressionne à ses côtés. »

Son détachement du monde

Il se détournait des biens des gens tandis qu’eux recherchaient les siens. Yûnus ibn ‘Ubayd rapporte : « Il partageait ce qu’il avait, même lorsque ses proches lui faisaient part de leurs besoins. »

Khâlid ibn Safwân disait : « J’étais voisin d’Al-Hasan, je participais à ses assises. Ce qu’il disait, il le faisait. Et ce qu’il interdisait, il s’en abstenait. Il vivait en parfaite cohérence entre l’intérieur et l’extérieur. » Ce à quoi son interlocuteur répliqua : « Comment un peuple peut-il se perdre alors qu’un tel homme vit parmi eux ? »

Son adoration et sa science

Al-Hasan Al-Basrî alliait savoir profond et adoration assidue. Il jeûnait fréquemment, notamment durant les mois sacrés, ainsi que chaque lundi et jeudi. Il se levait longuement la nuit pour prier, dans une intimité silencieuse avec son Seigneur.

Ibn Sa‘d le décrit ainsi : « Al-Hasan était un homme d’exception, doté de multiples qualités. Il était un savant reconnu, digne de confiance, loyal, dévot et assidu dans l’adoration. Il possédait une vaste science, une grande éloquence, et se distinguait par sa prestance et son élégance. »

Anas ibn Mâlik – qu’Allah l’agrée – exhortait les gens en ces termes : « Interrogez Al-Hasan, car il a conservé le savoir que nous avons fini par oublier. »

Bakr ibn ‘Abdillah Al-Muzani disait de lui : « Celui qui souhaite contempler l’homme le plus savant que nous ayons rencontré n’a qu’à regarder Al-Hasan. »

Et selon Qatâda : « Al-Hasan comptait parmi les plus savants du licite et de l’illicite. »

L’amour du Prophète

Il rapportait d’Anas ibn Mâlik l’histoire du tronc de bois pleurant la séparation d’avec le Prophète lors de la construction du minbar. En la racontant, il fondait en larmes et disait : « Serviteurs d’Allah ! Si un morceau de bois a pleuré par amour pour le Prophète , vous êtes encore plus dignes d’aspirer à Le rencontrer ! »

Dialogue avec Al-Farazdaq

Un jour, lors d’obsèques, Al-Farazdaq s’adressa à lui : « Certains disent que tu es le meilleur des hommes, d’autres que tu es le pire. » Il répondit : « Ô Abû Al-Firâs, combien de pauvres poussiéreux vêtus de haillons valent mieux que moi, et combien tu vaux mieux que des vieillards polythéistes. Mais qu’as-tu préparé pour la mort ? » Il répondit : « L’attestation qu’il n’y a de dieu qu’Allah. » Et Al-Hasan de conclure : « Elle a des conditions. Prends garde à accuser les femmes chastes. » Il lui demanda alors s’il pouvait se repentir. « Oui », répondit-il.

Exhortations marquantes

  • « Le véritable savant est ascète, lucide dans sa foi, constant dans l’adoration. »
  • « Celui qui apprend sa religion, cela se voit dans sa modestie, son langage et son regard. »
  • « Le croyant œuvre beaucoup, craint Allah, cache ses œuvres. Plus il s’approche d’Allah, plus sa crainte augmente. »
  • « Nul ne sera sauvé par la comparaison avec les pécheurs. »
  • « Ne minimise aucune bonne action, ni aucun péché. Les œuvres seront pesées demain. »
  • « Le monde s’en va. L’Heure approche. Gagne ton au-delà par ta vie d’ici-bas. »
  • « Tu n’atteindras la foi que si tu cesses de blâmer chez les autres ce que tu fais toi-même. »
  • « Où que tu sois, élève la religion : Allah élèvera ta valeur. »
  • « Le dinar et le dirham sont de bien mauvais compagnons. Ils ne servent qu’après t’avoir quitté. »

Son décès

Al-Hasan Al-Basrî rendit l’âme dans la nuit du vendredi, au début du mois de Rajab 110 H., à l’âge de 88 ans. La nouvelle secoua toute la ville de Bassorah. On pria sur lui dans la grande mosquée où il avait tant enseigné, après la prière du vendredi. Qu’Allah lui fasse large miséricorde.

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